Les belles choses que porte le ciel
Dinaw Mengestu
Résumé: "Le jeune Sépha a quitté l'Ethiopie dans des circonstances dramatiques. Des années plus tard, dans la banlieue de Washington où il tient une petite épicerie, il tente tant bien que mal de se reconstruire , partageant entre ses deux amis, Africains comme lui, une nostalgie teintée d'amertume qui leur tient d'univers et de repères. Mais l'arrivée dans le quartier d'une jeune femme blanche et de sa petite fille métisse va bouleverser cet équilibre précaire... Un premier roman brillant et sensible par un jeune écrivain américain d'origine éthiopienne."
Je viens de terminer ce roman et je reste un peu en suspens. je crois que c'est un sentiment de tristesse et presque de compassion envers le protagoniste Sépha que je ressens à la fin de cette lecture.
"C'est ainsi que cela a commencé, avec nous trois assis un jeudi soir qui dressions pour la centième fois la liste des victimes d'un continent qui parfois ne semblait posséder que ça. Nous avions toujours été plus à l'aise avec les tragédies du monde qu'avec les nôtres. Coups d'Etat, enfants soldtas, famines, tout cela faisait partie du même lot de chagrins permanents que nous évoquions sans cesse, afin d'éviter nos propres frustrations et les déceptions causées par la vie. Il était tout simplement inévitable que les deux finissent par se rencontrer."
Sépha a-t-il vraiment tenter de se reconstruire après avoir quitté l'Ethiopie à cause de la Révolution? Si oui, pourquoi est-ce si dur de se reconstruire et de trouver des repères à l'étranger? Comment n'a-t-il pas trouver la force de réussir à atteindre le niveau social que son père avait en Ethiopie? Comment peut-on laisser le temps passer, ses espoirs passer, ses envies passer?
Certes mes questions sont peut-être dures au regard des difficultés qu'il doit avoir à vivre loin de sa famille, à comprendre l'assassinat de son père, à vivre avec les images de la guerre en mémoire... mais comment se laisse-t-il vivre ainsi, comment supporte-t-il cette vie si morne et monotone?
Je ne crois pas que la rencontre avec Judith aie véritablement bouleverser sa vie. C'est vrai qu'il touche du doigt "les belles choses que porte le ciel" (citation de Dante pour désigner l'espoir après l'enfer) mais y-croit-il vraiment? ne sait-il pas dès le départ que tout ceci ne durera pas?
Le portrait de cet immigré africain, qui souffre, seul et qui ne croit plus en rien, que nous fait Mengestu, est complexe. Le personnage est terriblement attachant et les réflexions qu'il mène nous montre combien il est difficile de sortir des clichés, des préjugés et du passé, comme il est difficile de vivre en suspension, coincé entre deux mondes, avec la sensation de n'être jamais à sa place.
"Que disait mon père, déjà? Qu'un oiseau coincé entre deux branches de fait mordre les ailes. Père, j'aimerais ajouter mon propre adage à ta liste: Un homme oincé entre deux mondes vit et meurt seul. Cela fait assez lngtemps que je vis ainsi, en suspension."
Prix du roman étranger 2007.
Merciiii!!